Des corrections du CAP…

Corriger les épreuves du CAP reliure, c’est un peu une épreuve à dire vrai!
Journée marathon… Les yeux qui piquent… Tout ce que l’on a rabaché tout au long de l’année parti en ponçage (plus adéquat pour la reliure)…
Alors, comme chaque année, je m’en retourne un peu déprimée, un peu remontée, un peu mitigée, un peu désabusée.
Et , le lendemain, je me pose des questions…
Les élèves d’aujourd’hui sont-ils plus bêtes et plus gauches que nous , qui avons passé cet examen il y a près de vingt ans ? Et d’autres encore avant nous, du temps où il y avait deux CAP reliure, un de plaçure et un de couvrure!
Ou l’enseignement de la reliure est-il en de ça de ce que l’on est en droit d’attendre à ce type d’examen?
Seulement deux petits ouvrages à relier, un bradel demie toile à coins et une reliure demi cuir à dos long, même plus d’ouvrage de plaçure qui permet de vérifier que l’élève sait monter des gravures et que sa couture est régulière!
Ah oui, les pauvres, la colle du livre destiné au bradel est une colle moderne qui colle à la pointe et qui est difficile à ôter! Soit!
Dans ce cas, cher élève, ton professeur a du t’enseigner l’art de reconstituer un feuillet!

Ce n’est pas négligeable pour gagner du temps lors d’un examen et bien plus présentable que des feuillets grattés où les fibres seront épuisées par ta pointe 😉
Tu sais, l’option qui te fait gagner du temps lorsque la colle chewing-gum moderne a bousillé le premier feuillet de ton cahier.
Tu vois? Non? Alors, il faut changer de professeur!
Moi aussi lors de mon CAP  reliure j’ai eu un livre pourri à relier avec cette même colle pourrie qui colle à la pointe, je me rappelle même qu’il relatait la vie sur le rocher de Monaco tellement je l’ai détesté, mais, mes professeurs m’ont appris à gérer certaines situations car ils étaient dans la vie active en même temps qu’ils enseignaient, ce qui, pour un travail manuel me semble être LA condition au bon enseignement.
Il y a un tel décalage entre l’enseignement et la vie en atelier!
Est-ce normal de tirer vers le bas?
Je prépare régulièrement certains de mes élèves à cette épreuve du CAP reliure et ma grande fierté est de leur donner le même enseignement que celui que j’ai reçu.
Beaucoup d’exigence, des tacles, des compliments avec une extrême parcimonie ( faut pas déconner ^^), faire et refaire, les pousser à aller plus loin que ce qu’ils veulent bien me donner juste parce qu’ils se pensent à leur maximum, et que je sais que c’est faux 😉
Même si cet examen baisse en qualité et en exigence, je vais continuer à exiger de mes élèves!
Ils reviennent chaque année jusqu’à présent, sans doute sont-ils masos 🙂
Sans doute ont-ils aiguisé leurs sens, la vue, le toucher, Ô combien nécessaires à cet art qu’est la reliure!
Il est hors de question de leur donner un enseignement qui se limite à des bases basiques!
Cette année, les corrections n’avaient rien de glorieux, mais l’année prochaine, j’y retournerai si après ce post on me convie encore à faire partie des jurys…
Dans le temps, on avait un examen avec la moyenne, je crois que les règles de calcul ont été un peu revisitées ces dernières années pour le plus grand mal de nos métiers manuels!
Je vais aller boire un petit remontant, et comme disait mon professeur de dorure, un p’tit verre avant la dorure, c’est bien, ça assouplit le poignet!
A bientôt 😉

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